Don, intérêt et désintéressement : Bourdieu, Mauss, Platon et quelques autres

Ce que dit l'éditeur

Publié une première fois en 1994, réédité en 2005, cet ouvrage, épuisé depuis longtemps et qui fixait certains des contours théoriques centraux de La Revue du MAUSS, reste plus actuel que jamais dans un monde dévasté par l'économisme. Dont on ne comprendra bien les raisons de la puissance que si l'on voit en lui l'actualisation et l'aboutissement d'une conception utilitariste du monde, aussi ancienne que répandue, qui croit résoudre tous les problèmes sociaux et politiques en les réduisant, en dernière instance, à l'intérêt calculé. À une « axiomatique de l'intérêt ». Or, y montre-t-on, cette posture utilitariste, se retrouve chez des auteurs aussi inattendus que Bourdieu ou même Platon (à la suite de Socrate) dont il est proposé ici une lecture aussi précise qu'iconoclaste. On ne surmontera pas l'utilitarisme en en appelant, comme un J. Derrida, par exemple, à une pensée sublime du don, qui ne vaudrait qu'au prorata de son désintéressement, de son absence d'intentionnalité. Entre une conception économiciste et une conception sacrificielle du don, il nous faut développer, dans le sillage de l'Essai sur le don de Marcel Mauss, un « paradigme du don », i.e. une pensée politique du don, qui, à mille lieues de tout idéalisme, assume et revendique la médiocrité nécessaire des actions humaines, toujours tiraillées entre intérêt et désintéressement, obligation et liberté. Et c'est tant mieux.

Cette édition reprend la version de 1994.