Pierre Vidal-Naquet voit sa vie basculer en 1944, il a 14 ans, quand ses parents sont arrêtés par la Gestapo et déportés à Auschwitz dont ils ne reviendront pas. Les 4 enfants échappent par miracle et sont cachés dans le reste de la famille. Après la guerre, Pierre Vidal-Naquet entre en khâgne à Henri IV où il a pour camarade le futur négationniste Faurisson auquel il s'opposera par la suite et choisit l'histoire. Il est agrégé en 1952, docteur es lettres en 1955, commence une carrière de professeur d'histoire grecque à l'université de Caen puis Lille et entre à l'EHESS en 1966. Outre ses nombreux travaux sur la Grèce ancienne, Le monde d'Homère, Les Grecs, les historiens et la démocratie ou, avec Jean-Pierre Vernant, les trois volumes de La Grèce ancienne, il a également travaillé sur l'histoire juive avec notamment un livre sur l'historien Flavius Josèphe qui repère dans l'histoire de la Judée du 1er siècle des points qui éclairent la situation actuelle. Il s'est intéressé à l'histoire du monde contemporain d'un point de vue de citoyen engagé à gauche mais lucide sur le communisme dès 1949 et le procès Rajk en Hongrie. Il se penche sur la Shoah et s'oppose vigoureusement aux thèses négationnistes, Les assassins de la mémoire en 1995, s'insurge contre l'usage de la torture en Algérie et enquête en historien sur la disparition du jeune professeur de mathématique Maurice Audin, L'affaire Audin, paru en 1957 et sa signature de la pétition des 121 lui vaut une année d'interdiction d'enseignement. Il prend partie contre la dictature des colonels en Grèce et plaide inlassablement pour la paix israélo-palestinienne. Mort brutalement en 2006, il laisse de superbes et bouleversants mémoires, La brisure et l'attente et Le trouble et la mémoire.