Des bébés pour qui et à quel prix ?

Ce que dit l'éditeur

En 1982 naissait Amandine, le premier bébé dit « éprouvette » parce que résultat d'une procréation médicalement assistée. 18 000 bébés sont nés en 2004 par fécondation in vitro ou artificielle. Si cette technique répond à la souffrance des couples infertiles, elle pose à la société, au corps médical et à la recherche scientifique la question des limites de son usage. La loi de bioéthique de 2004 a réglementé la prise en charge de ces grossesses, la congélation des ovocytes et la gratuité de leur don. Aujourd'hui, la modification de la loi est motivée par un changement social et culturel : les femmes veulent pouvoir avoir des enfants au-delà de 43 ans et maîtriser le moment de leur conception. Pour stimuler le don d'ovocyte, la gratuité de leur don est remise en question. Mais alors ne risque-t-on pas d'aboutir à un business de la procréation, comme cela s'observe dans certains pays ? L'aide à la procréation pourrait encore progresser grâce aux recherches sur l'embryon qui pourraient aussi déboucher sur la découverte de traitements pour des maladies génétiques. Or, la loi interdit cette recherche, sauf cas exceptionnels. Comment sortir du paradoxe du nécessaire respect de l'embryon comme personne humaine et de la nécessité de travailler scientifiquement sur lui ? Le livre du professeur Henri Atlan sur « L'utérus artificiel » développe une fiction dans laquelle un bébé pourrait naître en dehors d'une grossesse corporelle. Cela fait ressortir la transformation des relations au corps et à la personne humaine en jeu dans ce débat, mais aussi les fantasmes de toute puissance que les progrès scientifiques ont toujours faits craindre. Les théologiens rappellent que l'Eglise ne récuse pas le progrès mais souhaite qu'il se fasse dans le respect de la personne. Parmi les intervenants : René Frydman, gynécologue-obstétricien; Didier Sicard, président du Comité consultatif national d'éthique; le père Patrick Verspieren, directeur du département d'éthique biomédicale des facultés jésuites de Paris, une unanimité se dessine sur la nécessité de maintenir un cadre, des repères et des limites éthiques pour maîtriser l'usage des recherches scientifiques et de leurs résultats.