Les avis de cette rubrique sont la propriété de La Procure. Les auteurs s'engagent donc à renoncer à tous leurs droits de propriété.
L'internaute a le droit de publier un avis par livre, mais certains livres ne sont pas ouverts aux avis.
Les données obligatoires sont nécessaires pour que vous puissiez faire paraître votre commentaire. Merci de nous les fournir pour que nous soyons en mesure de traiter votre demande.
Vous disposez d'un droit d'accès, de rectification, de modification et de suppression des données qui vous concernent. Pour l'exercer, il vous suffit de cliquer sur « Modifier mon commentaire » lorsque vous êtes identifié.
La rédaction des critiques sur laprocure.com est soumise à une charte :
Nous nous réservons le droit de ne pas publier les commentaires ne respectant pas la charte de rédaction.
Ce module vise uniquement à collecter des commentaires sur le contenu d'une oeuvre. Le commentaire doit se limiter à des argumentations, des remarques ou des impressions qui portent sur le livre concerné ou son auteur. Il ne doit en aucun cas mentionner des informations sur votre vie privée ou celle d'autres personnes. Les termes pouvant être interprétés comme une injure ou une diffamation à l'encontre de l'auteur ou de toute autre personne physique ou morale sont strictement interdits sur laprocure.com.
Un internaute qui n'a pas été publié n'a plus la possibilité de republier un avis pour la notice concernée.
Pratique universellement répandue, l'avortement est légalisé en France,
à l'instar de la majorité des pays occidentaux. Introduit de ce fait dans
l'espace public, il demeure néanmoins confiné dans l'espace de l'officieux,
par suite d'une sorte de pacte tacite, de mauvaise foi sociale.
S'appuyant sur une centaine d'observations recueillies à l'hôpital et
quarante entretiens approfondis avec des femmes ayant connu l'expérience
de l'avortement, sur des données empruntées à l'histoire et à l'anthropologie,
Luc Boltanski explique ce refoulement. L'avortement doit rester
dans l'ombre car il révèle une contradiction au foyer du contrat social :
celle qui oppose le principe de l'unicité des êtres et le postulat de leur
nature remplaçable, sans lequel nulle société ne se renouvellerait démographiquement.
Luc Boltanski est alors conduit à poser la question de l'engendrement
et analyser les contraintes essentiellement symboliques qui président à
l'entrée des êtres humains dans la société. Des contraintes antinomiques
que différents types d'arrangements sociaux tendent à estomper. Ce qui
fait un être humain, ce n'est pas le foetus, inscrit dans le corps, mais son
adoption symbolique. Or, cette adoption suppose la possibilité d'une discrimination
entre des embryons que rien ne distingue. Le caractère arbitraire
de cette discrimination est au plan social, et parfois individuel, difficilement
supportable. La contradiction, montre Luc Boltanski, est rendue
vivable par une sorte de grammaire des catégories : au foetus projet -
adopté par les parents qui, grâce à la parole, accueillent l'être nouveau en
lui donnant un nom - s'oppose le foetus tumoral, embryon accidentel et
qui ne sera pas l'objet d'un projet de vie.
Grammaire, expérience mise en récit et perspective historique se nouent
ici pour faire de l'avortement, rendu depuis des décennies politiquement
légal, une expérience désormais socialement audible.