Dieu changea de sexe, pour ainsi dire : la religion faite femme, XIe-XVe siècle
Jacques Dalarun
Versailles, Pontoise, Lyon 2ᵉ, Lyon 6ᵉ...
Ce que dit l'éditeurTelle qu'elle se structure entre l'Antiquité tardive et le haut Moyen Âge, la religion chrétienne ne faisait pas la part belle aux femmes : assimilées à Ève, l'alliée du Serpent, elles étaient exclues du sacerdoce et cantonnées dans une position mineure au sein de l'Église. Pourquoi, à la fin du Moyen Âge, la religion s'est-elle féminisée, par une adhésion plus forte des femmes à la foi et à la pratique, par une féminisation du discours religieux, par une alliance ambiguë du prêtre et de la dévote communiant dans une religion de la Mère et du Fils ? Pourquoi, selon l'audacieuse expression de Michelet, « Dieu a-t-il changé de sexe, pour ainsi dire » ? Au tournant des XIe et XIIe siècles, au temps de la réforme dite grégorienne, la tradition interdisait aux femmes de pénétrer dans certains sanctuaires ; mais se met en place une triade Marie, Ève et Madeleine où, entre les deux premières images, antinomiques, s'ouvre par la troisième l'interstice d'un accès au salut au prix de la pénitence. C'est l'époque de la fondation du monastère mixte de Fontevraud où les hommes étaient soumis aux femmes. Le vrai retournement survient au XIIIe siècle avec François d'Assise qui, célébrant des allégories féminines telle « dame Pauvreté », se présentant lui-même en mère de ses fils spirituels, offre aux femmes une icône à laquelle s'identifier. Claire d'Assise, de son côté, échappe à ces jeux d'inversion pour atteindre à une vision de l'humanité au-delà des genres. Aux XIVe et XVe siècles, une floraison de saintes de très modeste renommée, surtout en Italie, marque ce mouvement de féminisation du religieux. Leur parole se fait entendre, telle celle d'Angèle de Foligno. Elles se mettent à jouer la Passion du Christ par les places et les rues, telle Claire de Rimini. Elles fédèrent la mémoire des cités et accèdent enfin à une écriture autonome où s'exprime leur désir d'explorer les mystères de la foi avec toute la force de leur raison. |
RésuméEntre l'Antiquité tardive et le haut Moyen Age, la religion chrétienne exclut les femmes du sacerdoce et les cantonne dans une position mineure au sein de l'Eglise. La révolution arrive au XIIIe siècle avec François d'Assise célébrant des allégories féminines. Les XIVe et XVe siècles marquent une féminisation du religieux, où les femmes expriment leur désir d'explorer les mystères de la foi. ©Electre 2024 |
Caractéristiques Auteur(s) Jacques Dalarun
(Auteur) Éditeur(s) Date de parution
30 avril 2008
Collection(s)
Histoire
Rayon
Pensée médiévale : études
EAN
9782213636511
Nombre de pages
442
pages
Reliure
Broché
Dimensions
24.0
cm x
16.0
cm x
3.0
cm
Poids
695
g
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À propos de l'auteurJacques Dalarun, ancien directeur des études médiévales à l'Ecole française de Rome, s'attache à l'histoire religieuse, avec deux sujets d'études principaux, François et Claire d'Assise dont il publie les textes et la notion de pouvoir tel qu'il a été exercé dans les ordres religieux. |