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Dans ce livre de 1960 qui n'avait jamais été traduit en français, Étienne Gilson présente, en suivant fidèlement le magistère de saint Thomas d'Aquin, les fondements de la philosophie chrétienne. L'auteur a modestement intitulé ce livre Éléments. Mais en réalité, il s'agit là d'une véritable somme de philosophie chrétienne, qui couvre pratiquement tout le champ des questions que l'esprit humain est amené à se poser dans sa recherche du sens des choses : Dieu, l'être, l'homme lui-même. Cette somme a été écrite par un Gilson arrivé à la plénitude de sa pensée. L'auteur y allie la sûreté de son information historique à l'acuité de son jugement intellectuel, ce qui lui permet de discerner les ressorts profonds de la pensée humaine, et les points cruciaux où se joue le destin de celle-ci. Le principe directeur qui commande toutes ses analyses, c'est le primat de l'acte d'être (l'esse), c'est-à-dire de l'acte qui fait exister les choses.
Dans une partie consacrée à Dieu, il aborde tour à tour les problèmes concernant son existence, les approches métaphysiques permettant de le connaître, son essence. Il souligne que si la théologie négative doit toujours avoir le dernier mot, l'intelligence humaine peut néanmoins dire des choses vraies sur Dieu : « La forme thomiste de la doctrine traditionnelle de la "docte ignorance" n'a rien de commun avec l'inertie passive d'une intelligence qui abandonne tout espoir de pouvoir jamais saisir son objet. Au contraire, connaissant comme elle les connaît à la fois sa propre nature et
celle de son objet propre, la théologie négative de Thomas d'Aquin est un effort résolu et éminemment positif de l'esprit contre l'illusion qu'elle connaît son objet le plus éminent. » (p. 176)
Une partie consacrée à l'être étudie ensuite les transcendantaux, la création et la causalité. « La véritable notion de cause efficiente a partie liée avec la notion thomiste de Dieu » en tant qu'acte même d'être, (p. 321)
Enfin, la partie consacrée à l'homme étudie l'âme humaine, la connaissance et la volonté humaines ; un chapitre consacré à la vie sociale et politique conclut le livre. Gilson y a des phrases qui de nos jours prennent une résonnance singulière : « Il est excessivement dangereux d'imaginer que, contrairement à la nature physique, la nature humaine et les sociétés humaines sont des créations libres de l'homme, et que par conséquent elles sont entièrement au pouvoir de l'homme. Le châtiment d'une telle erreur est terrible. Toute société qui méprise les lois fondamentales de la nature humaine et l'ordre établi par Dieu provoque sa propre destruction. » (p. 463)
Tout l'ouvrage est baigné par l'optimisme philosophique et théologique propre à saint Thomas : « Ainsi, tandis que la connaissance part des créatures pour tendre vers Dieu, l'amour au contraire part de Dieu comme de leur fin dernière, pour aller de lui jusqu'aux créatures. Ceci, dit Thomas, a lieu à la façon d'une sorte de mouvement circulaire : à cause de la complémentarité de ces deux mouvements de connaissance et d'amour, mais toujours sous l'impulsion de l'amour, le monde chrétien de Thomas d'Aquin est une circulation universelle d'amour, de l'Être à l'Être en passant par les êtres. » (p. 446)