Jules-Géraud Saliège
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Jules Saliège, archevêque de Toulouse pendant la guerre, a été le premier dignitaire religieux français à s'élever, par une lettre dont il a ordonné la lecture à la messe, contre les arrestations massives et les déportations des juifs. Il a frôlé l'arrestation pour ce geste.

Jules-Géraud Saliège est né dans le Cantal en 1870. Il entre au séminaire d'Issy les Moulineaux et est ordonné prêtre en 1895. Directeur du séminaire de Saint-Flour jusqu'à à la guerre de 14, trop âgé pour le service actif, il est aumônier militaire, puis démobilisé en 1917 après avoir été gazé. Evêque de Gap en 1925, il est nommé archevêque de Toulouse trois ans plus tard. En 1932 une attaque cérébrale le laisse avec une paralysie du bulbe rachidien qui affecte son élocution et sa motricité. Il dénonce la persécution des juifs dès l'arrivée d'Hitler au pouvoir en 1933 et soutient l'aide apportée aux républicains espagnols par le père Bruno de Solages recteur de l'institut catholique de Toulouse pendant la guerre civile. S'il reçoit Pétain à Toulouse en 1940, il vient en aide aux étrangers internés dans des camps de la région. A la demande de de Gaulle qui demande un geste fort, et convaincu par les pères Chaillet et de Lubac de la réalité des camps d'extermination, il rédige en Août 42 une lettre dont il ordonne la lecture en chaire dans toutes les églises du diocèse le dimanche suivant et qui s'élève vigoureusement contre les arrestations et déportations de juifs. Il organise également un réseau de protection. Mgr Théas évêque de Montauban suit aussitôt son exemple. Il ne doit qu'à son état de santé d'échapper à l'arrestation en 1944. De Gaulle le fait Compagnon de la Libération en 1945 et convainc Pie XII de le créer cardinal, malgré l'impossibilité de se rendre à Rome pour recevoir la barrette selon l'usage. Celle-ci lui est finalement remise par le nonce, futur Jean XXIII. Mgr Saliège meurt à Toulouse en 1956. L'historien toulousain Yves Belaubre vient de lui consacrer une biographie.