Anatole France
Anatole France vit un injuste purgatoire. Cet écrivain d'une grande finesse, à la sensibilité vive, utilise une langue pure et classique qui fait la beauté de sa prose. Engagé dans les grandes causes de son époque, de l'affaire Dreyfus à la loi de 1905 et au colonialisme, il a participé à la création de l'Humanité aux côtés de Jaurès.
Anatole France est le fils d'un libraire du Quai Malaquais, François Thibault, qui prend le nom de France. Il raconte dans la série des Pierre Nozière, Le livre de mon ami, Le petit Pierre, La vie en fleur, une enfance heureuse marquée par un amour précoce pour les belles lettres. Bibliothécaire du Sénat avec le poète Lecomte de Lisle, il écrit dans diverses revues et rejoint le groupe du Parnasse. Son premier roman, Le crime de Sylvestre Bonnard, prix de l'Académie française, parait en 1881,suivi de Thais, Le lys rouge, Les dieux ont soif, Le jardin d'Epicure. Il occupe à partir de 1887 le poste envié de critique littéraire au Temps, le grand quotidien de la IIIè République et est élu à l'Académie Française en 1896. Proust fait de lui, sous le nom de Bergotte, l'un des personnages de la Recherche. Parallèlement ses engagements politiques sont nombreux. Ami de Jaurès et de Zola, il défend Dreyfus, et rend sa légion d'honneur lorsqu'on retire la sienne à Zola au procès duquel il témoigne, milite contre la politique coloniale, le mauvais traité de Versailles, pour la reconnaissance du génocide arménien et livre dans les quatre tomes de l'Histoire contemporaine dont le personnage de Monsieur Bergeret confine à l'autoportrait, un portrait acide de la société française au temps de l'affaire. Sa prise de position en faveur le la loi de 1905 sur la séparation de l'Eglise et de l'Etat fait mettre ses oeuvres à l'index par le Vatican. Il participe avec Jaurès à la création de L'Humanité mais est banni de ses colonnes par les communistes français pour sa condamnation des premiers procès politiques en URSS. Prix Nobel de littérature en 1921, il meurt en 1924.