Vassili Grossmann
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Vassili Grossmann est un écrivain d'origine ukrainienne qui commence à écrire dans les années 30 et participe héroïquement à la bataille de Stalingrad, ce qui lui vaudra de devenir héros de l'Union Soviétique. Mais son ton de plus en plus critique vaudra à son oeuvre une mise à l'index par le KGB.

Vassili Grossmann, né en 1905 dans une famille juive assimilée, qui ne pratique pas et ne parle pas yiddish. Il devient ingénieur chimiste comme son père mais publie dès ses années d'études poèmes et essais. Sa nouvelle Dans la ville de Berditchev est remarquée par Gorki, Isaac Babel et Boulgakov qui l'encouragent à se consacrer à la littérature. Un roman paraît l 'année suivante, Glückauf. S'il ne suit pas les règles du réalisme soviétique, il est à cette époque persuadé que le régime soviétique fait barrage au fascisme et à l'antisémitisme. Les purges dont faillit être victime sa femme, précédemment mariée à un dissident, lui ouvrent les yeux. A la guerre, il s'engage, est journaliste de l'Armée Rouge et assiste bouleversé aux massacres de juifs en Ukraine. Il apprendra en 45 que sa mère fait partie des victimes. Il combat héroïquement à Stalingrad, participe à la libération du camp d'extermination de Treblinka - son récit sera versé au procès de Nuremberg - et entre dans Berlin. Il est fait héros de l'Union Soviétique. Mais après la guerre, cet humaniste à la Tchekhov comprend la réalité soviétique et la nature totalitaire du stalinisme, comparable au nazisme en bien des points, la brutalité et l'antisémitisme en particulier. Ses oeuvres sont violemment critiquées par la presse officielle. Son plus grand livre, Vie et destin est interdit par le KGB et ne sera connu en Occident que 20 ans après la mort de son auteur. La relative libéralisation du régime après la mort de Staline ne dure pas. Il refuse d'entrer au parti comme on le lui a proposé et se retrouve au ban du monde littéraire. Réduit à la pauvreté, il meurt prématurément en 1964, âgé d'à peine 59 ans.