Jacques Heers
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Jacques Heers a un parcours singulier parmi les historiens, en particulier les spécialistes du Moyen Age. Les hasards de la guerre lui ont permis de faire des études secondaires et supérieures. La rencontre décisive de Fernand Braudel au CNRS a orienté ses recherches vers le monde méditerranéen au Moyen Age.

Jacques Heers est le fils d'un allemand installé en France mobilisé en 1939 dans l'armée française et obligé de se cacher dans la Sarthe à l'invasion car l'occupant le considère comme déserteur. Jacques Heers à 16 ans se destine au métier d'instituteur et se prépare à entrer à l'école normale lorsque Vichy décide de la fermeture de ces fabriques de hussards noirs de la République. Le jeune homme passe alors le bac au lycée du Mans, ce qui lui permet en 1945 de préparer une licence d'histoire puis l'agrégation, tout en étant instituteur. Il enseigne ensuite au lycée du Mans et au prytanée militaire de la Flèche. Cependant il souhaite se lancer dans la recherche en études médiévales et détaché au CNRS en 1951, y fait la rencontre décisive de Fernand Braudel qui devant son intérêt pour le monde méditerranéen lui procure une bourse de quatre ans pour aller préparer sur place une thèse sur Gênes au Moyen Age. De retour en France, il devient après sa soutenance l'assistant du médiéviste Georges Duby à l'université d'Aix en Provence. C'est ensuite l'université d'Alger, qui lui permet de continuer à travailler sur le monde méditerranéen. Il rentre en France à l'indépendance de l'Algérie et termine sa carrière à la Sorbonne où il dirige le département d'études médiévales. Jacques Heers dont le dernier livre, La naissance du capitalisme au Moyen Age paraît quelques mois avant sa mort en 2013, a étudié les villes et le commerce dans le bassin méditerranéen médiéval. Il a établi que les limites entre Moyen Age et temps modernes n'étaient pas aussi tranchées que la date arbitraire de 1492 et, thèse reprise par Sylvain Gouguenheim, que les arabes n'avaient pas joué le rôle qu'on leur attribuait jusque là dans la transmission d'Aristote et de la pensée grecque.