Virginie Linhart
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Virginie Linhart a un lourd héritage familial : petite-fille de juifs qui ont échappé à la Shoah, fille d'un philosophe happé par la spirale de Mai 68, fondateur d'un mouvement maoïste et gravement dépressif, elle a réalisé de nombreux documentaires avant de livrer deux témoignages bouleversants sur cette histoire familiale.

Virginie Linhart a connu une enfance assez solitaire, sans vie familiale et sans foyer chaleureux. Son père, normalien, brillant jeune philosophe, fonde en 1968 un parti maoïste et arrête ses études pour travailler en usine. Il survit à une tentative de suicide et se réfugie dans le silence. Virginie Linhard fait une licence d'histoire puis entre à Sciences-Po où elle passe brillamment un DEA de sociologie politique. La rencontre de Patrick Rotman lui fait découvrir la force des images. Elle va alors réaliser de nombreux documentaires historiques, sur la guerre, Vichy, le statut des juifs, la collaboration, mais aussi le printemps de Prague, la chute du rideau de fer ou un portrait de Simone de Beauvoir. En 2008, elle aborde l'itinéraire de son père avec un livre très personnel, Le jour où mon père s'est tu, dans lequel elle s'entretient avec les enfants d'autres utopistes de Mai 68, qui ont comme elle souffert d'une enfance solitaire et explique les choix de son père, né de parents juifs en 1944, par un sentiment de culpabilité d'avoir survécu à la Shoah. Trois ans plus tard, dans La vie après, elle se penche sur ces survivants, à partir du cas de ses grands-parents qui ont réussi à se réfugier dans le Midi et à se cacher jusqu'à la Libération. Elle parvient à vaincre leur résistance et à interroger ceux qui sont revenus, quelques uns des 2500 survivants des 70000 juifs de France déportés. Dans ces deux livres, elle cherche à travers les entretiens les réponses à sa quête d'elle même et allie rigueur de la documentariste et sensibilité de l'écrivain.