Alfred Schütz
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Alfred Schütz, homme d'affaires de jour, philosophe la nuit, selon son ami le philosophe Husserl, a, malgré une vie marquée par deux exils successifs, été à la fois avocat d'affaires qui de plus consacra beaucoup de temps à aider ses compatriotes exilés et père d'une sociologie phénoménologique.

Alfred Schütz est né à Vienne en 1899, dans une famille de la bourgeoisie juive. Il étudie droit, économie et sociologie et obtient en 1921 un doctorat en philosophie du droit. Avocat d'affaires, il entre au service juridique d'une grande banque, mais prolonge ses études par un travail de chercheur indépendant. Son premier livre, une comparaison de la sociologie de Max Weber avec la phénoménologie de Husserl, paraît en 1932. Il va travailler avec Husserl à Freiburg mais refuse le poste que celui-ci lui propose car le salaire est insuffisant pour ses charges familiales. Il retourne donc à Vienne et partage son temps entre métier et recherche. Il est en étroit contact avec Husserl jusqu'à la mort de celui-ci en 1938.Cette même année, c'est l'Anschluss. Schütz perd son travail mais par chance il est en voyage professionnel en France donc à l'abri et réussit à faire venir sa femme et ses enfants trois mois plus tard et à aider des compatriotes à fuir. Il travaille dans la branche parisienne de son entreprise jusqu'à la déclaration de guerre. Sans illusions il a demandé un visa pour les Etats-Unis dès 38 et y part en 39 avec les siens. A New York aussi, il travaille dans la branche américaine de sa firme, aide les exilés et prend part aux travaux de la Société phénoménologique internationale. Il enseigne également à la New School for Social Research de New York jusqu'à sa mort brutale en 1959. Sa femme Ilse publie ses manuscrits à titre posthume.