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Comment l'idée a-t-elle pu venir aux Lumières de souffler de la fumée de tabac dans le derrière des noyés pour les ramener à la vie ? Cette pratique à première vue grotesque est tout sauf un accident de parcours : considérée jusqu'à la mi-XIXe siècle comme la meilleure méthode de réanimation, cette insufflation anale a bénéficié d'investissements savants et publics considérables - des boîtes contenant tout le nécessaire à sa mise en oeuvre furent installées le long de la Seine, du Rhône et de la Saône, ou de la Tamise. Plus encore, les discours savants qui introduisirent la préoccupation, alors nouvelle, de la réanimation, regorgent de faits plus étranges les uns que les autres : aux histoires épouvantables d'enterrés vivants répondent des cas étudiés très sérieusement, jusque dans l'Encyclopédie, d'hirondelles ou de cigognes qui hibernent au fond des lacs ou des rivières, ou sur la lune. En remontant le fil de ces récits, Anton Serdeczny aboutit à une conclusion inattendue : leur source est orale, et la science, même celle des Lumières, a pu y puiser pour alimenter de nouveaux champs - comme l'action médicale sur le corps mort.
Les motifs mis à contribution dans la réanimation des Lumières relèvent de systèmes de représentations orales parfaitement cohérents, et avant tout liés au carnaval. Cette clef anthropologique permet d'expliquer la pratique de l'insufflation de fumée de tabac. Adaptation improbable et involontaire d'un vieux geste carnavalesque, elle tirait son origine et sa puissance d'évocation de sa dimension symbolique : remettre l'âme à l'envers à celui qui est mort dans un monde inversé, sous la surface de l'eau.
Rarement la recherche des liens entre innovation scientifique et registres culturels a pu être poussée aussi loin, et c'est là tout l'intérêt de cet ouvrage : remettre en cause notre vision des Lumières, et plus encore de la science.