Comprendre l'Afrique : Evangile, modernité, mangeur d'âmes

Ce que dit l'éditeur

Faut-il le rappeler ? Dans les années soixante, nombre de ceux qui découvraient alors l'Afrique étaient persuadés que deux ou trois décennies de modernité à l'occidentale effaceraient à jamais de sa mémoire ce qui pouvait encore subsister d'un monde traditionnel que la colonisation avait déjà sérieusement malmené.

Rien de tout cela ne s'est vérifié. Non que le continent africain n'ait pas changé, et beaucoup, en très peu de temps. Depuis quelques décennies déjà, il s'est engagé dans un processus de modernisation, d'urbanisation rapide. Et l'on pourrait à bon droit estimer que les jeunes générations entrent tout naturellement dans un univers où l'on ne sait plus rien de la «tradition», puisqu'au dire d'un proverbe arabe : «Les hommes ressemblent plus à leur temps qu'à leur père».

En fait, il apparaît sur le terrain que les choses sont moins simples et que la rationalité nouvelle, enseignée à l'école et au lycée, se trouve parfois singulièrement désarmée face à une autre «rationalité» - car c'en est une - venue de très loin et qui, dans la vie quotidienne, n'a rien perdu de sa pertinence et de son ingéniosité. Aussi doit-on reconnaître qu'il n'est pas facile de comprendre ce qui se vit aujourd'hui en Afrique subsaharienne. Ce petit livre voudrait essayer de baliser le chemin pour celui ou celle qui se pose maintes questions à ce sujet.

Il me semble que le lecteur non africain - car c'est à lui d'abord que ce livre s'adresse - y trouvera de quoi nourrir sa propre réflexion. Il percevra mieux que l'Afrique d'aujourd'hui est le plus souvent écartelée entre une tradition qui ne se laisse pas oublier et une modernité qui la fascine et la violente. Et le fait qu'elle soit chrétienne - ou musulmane - n'atténue guère l'acuité des tensions qui la traversent. A travers d'inévitables tâtonnements, et selon son style propre, elle écrit aujourd'hui une page de l'histoire de l'homme, la sienne, dont on verra à la fin de cet ouvrage qu'elle ressemble parfois singulièrement à ce que nous-mêmes avons vécu, il n'y a pas si longtemps, si tant est que nous ayons cessé totalement de le vivre ?