Hannah Arendt récusait le terme de philosophe à propos d'elle-même et se disait professeur de théorie politique. Ses ouvrages sur le totalitarisme font autorité et ont exercé une grande influence sur la réflexion politique de la seconde moitié du XXème siècle.
Hannah Arendt est née à Hanovre en 1906, dans une famille juive laïque. Elle étudie philosophie, théologie et philologie dans plusieurs universités allemandes. Elle y rencontre
Martin Heidegger avec qui elle passe d'une relation professeur-étudiante à une relation plus personnelle ; elle le défendra y compris quand le philosophe sera critiqué pour ses prises de position sur le
judaïsme. En 1933, chargée par
Kurt Blumenfeld, qui préside l'organisation sioniste allemande, de collecter les preuves d'antisémitisme, elle est arrêtée, puis relâchée par la
Gestapo : elle quitte alors l'Allemagne pour la France où elle accueille ceux qui fuient le nazisme et aide à leur départ pour la Palestine. En 1940, elle est internée au camp de
Gurs d'où elle s'évade et réussit à passer au Portugal puis à gagner les Etats-Unis. Elle rentre en Allemagne à la fin de la guerre pour aider les rescapés des camps mais, naturalisée américaine en 1951, elle repart enseigner la
philosophie politique dans plusieurs universités. C'est à cette époque qu'elle publie ses trois ouvrages fondamentaux,
les origines du totalitarisme,
Condition de l'homme moderne et
la crise de la culture. Son compte-rendu du procès Eichmann en Israël en 1961 provoque des polémiques, ainsi que son soutien à la pièce de
Rolf Hochhuth le Vicaire qui dénonce l'attitude du pape
Pie XII pendant la guerre. La
New School for social research de New York lui offre en 1967 une chaire de professeur qu'elle occupera jusqu'à sa mort en 1976.