Jorge Semprun a connu une enfance et une adolescence saccagées par la guerre d'Espagne qui a contraint sa famille à l'exil puis la seconde guerre mondiale pendant laquelle il a été déporté. Son oeuvre d'écrivain est largement autobiographique, de l'expérience des camps de la mort à la lutte contre le franquisme.
Jorge Semprun a vu le jour dans une famille de la bourgeoisie madrilène influente en politique qui fuit l'Espagne dès le début de la guerre civile. Son père, diplomate, représente la république espagnole en Suisse puis aux Pays-Bas mais s'installe en France quand il est révoqué à la prise de pouvoir par Franco. Jorge Semprun passe le bac au lycée Henri IV en 1941 et commence une licence de philosophie, tout en participant à la résistance dans une organisation communiste. Arrêté en 1943, il est déporté à Buchenwald où il fait partie de l'organisation communiste clandestine et participe au soulèvement des déportés. Rapatrié en France, il devient traducteur à l'Unesco et milite contre le franquisme depuis Paris et lors de voyages clandestins en Espagne. Il appartient au comité exécutif du parti communiste espagnol jusqu'à son exclusion en 1964. Il commence à écrire en 1963. Le grand voyage, le premier livre dans lequel il réussit à évoquer la déportation et la difficile réadaptation au monde des vivants, obtient le prix Formentor. La majeure partie de son oeuvre est autobiographique : L'évanouissement, Vingt ans et un jour, L'écriture ou la vie, prix Femina Vacaresco. L'autre partie concerne l'engagement politique et la lutte contre le franquisme : Autobiographie de Federico Sanchez, prix Europa, La deuxième mort de Ramon Mercadez, Adieu, vive clarté, L'Algarabie, De l'exil à l'oubli : camps de réfugiés espagnols en France, 1936-1939. La démocratie revient en Espagne en 1976 et Semprun se voit confier en 1981 le ministère de la culture du gouvernement socialiste de Felipe Gonzales, mais quitte rapidement son poste en raison d'un désaccord avec le chef du parti socialiste espagnol. Il meurt en 2011.