L'erreur de trop

Ce que dit l'éditeur

On savait peu de choses sur Paolo. Il vivait seul avec son petit troupeau, parlait peu, ne descendait que très rarement au village pour aller à la messe ou à la procession une fois l'an. Personne ne le gênait et il ne gênait personne. Il était là, c'est tout, aussi simplement que le ciel était au-dessus du village, que le Supramonte brillait dans la clarté du soleil.
Michel Brignot, Un oeil triste

Elle se joue de l'ordre établi en détricotant la linéarité des jours qui passent. L'erreur c'est l'imparfait qui se conjugue au présent. C'est un instant qui bouleverse la routine, ce poison cotonneux qui tue plus que la maladresse.

Dans un monde normé, tellement attendu, tellement régulé, on peut vraiment s'interroger : l'erreur peut-elle être de trop ?

Par sa seule existence, elle est ce qui rattache l'homme à ses insuffisances, à son statut d'être faillible. Toutes ces erreurs ont toutefois un point commun. Elles se paient au prix fort car elles rendent la vie plus excitante et peuvent faire basculer nos univers connus. Elles sont des aiguillages qui perdraient la boussole pour nous emmener immanquablement vers des vies inédites et des rivages incertains.

Les histoires qui s'écrivent alors sortent des sentiers battus et leurs héros des rails. Peu importe que l'on trouve cela tragique ou réjouissant mais la finitude de nos vies n'est-elle pas finalement et irrévocablement l'erreur de trop ?
Philippe Vieille - Éditeur